Créer un bonsaï : guide complet pour débutants – Découvrez toutes les techniques essentielles pour bien démarrer : choix de l’arbre, taille, substrat, ligature, engrais, formation des racines, arrosage et soins approfondis. Apprenez à entretenir et façonner un bonsaï harmonieux, sain et durable.
Comment créer un bonsaï à partir d’un arbre ordinaire ?
Créer un bonsaï consiste à cultiver un arbre miniature en pot, en respectant les principes de forme, proportion et naturalité. Cet art ancestral mêle technique horticole et sensibilité artistique, et s’acquiert avec patience, observation et rigueur.
Choisir l’espèce idéale
Toutes les essences d’arbres ne conviennent pas à la création d’un bonsaï. Il est essentiel de choisir une espèce adaptée à la taille répétée, au confinement racinaire et à la miniaturisation du feuillage.
Feuillus adaptés : érable, orme, charme, hêtre, pommier, prunier, micocoulier, glycine
Conifères robustes : pin, genévrier, if, épicéa, mélèze
Espèces tropicales pour l’intérieur : ficus, serissa, bougainvillier
Espèces à éviter : platane, catalpa, marronnier (feuilles trop grandes)
Tenir compte de la taille des feuilles, de la vitesse de croissance, et de la résistance au stress pour faire un choix éclairé.
Méthodes de démarrage
Semis
Le semis permet un contrôle total sur l’arbre dès sa naissance. Cette méthode exige beaucoup de temps et de patience, mais elle est formatrice. Le semis se fait en pot profond avec un substrat finement drainant.
Bouturage
Le bouturage consiste à prélever une branche d’un arbre et à la faire s’enraciner. C’est plus rapide que le semis et permet de produire un arbre identique à l’original.
Jeunes plants ou prélèvement
Acheter un plant en pépinière ou le prélever dans la nature permet de commencer plus rapidement. Il est essentiel de choisir une plante en bonne santé, avec un tronc intéressant et un système racinaire compact.
Pots d’entraînement et formation initiale
Avant de placer l’arbre dans un pot à bonsaï définitif, il est indispensable de le cultiver dans un pot profond d’entraînement. Ce pot permet le développement du système racinaire, essentiel pour créer un nebari harmonieux. Le nebari est la base racinaire apparente, un critère esthétique majeur dans la culture du bonsaï.
Lors des rempotages successifs, il faudra réduire progressivement la profondeur du pot tout en taillant les racines pour les affiner et les densifier.
Substrat selon les espèces
Le substrat idéal doit être drainant, aéré, nutritif, et adapté à l’espèce cultivée. Voici quelques mélanges recommandés :
Feuillus : 50 % akadama, 30 % écorce compostée, 20 % pouzzolane
Conifères : 60 % akadama, 30 % pouzzolane, 10 % sable
Tropicaux : 60 % écorce fine, 30 % perlite, 10 % akadama
Arbres fruitiers : 40 % akadama, 40 % pouzzolane, 20 % humus
Ne jamais utiliser de terreau pur ou de terre de jardin.
Formation et mise en forme
Taille structurelle
La taille de structure consiste à supprimer les branches inutiles, droites ou inversées, afin de dégager la silhouette. Elle s’effectue en hiver pour les feuillus, au printemps pour les conifères.
Ligature
La ligature permet d’orienter les branches dans la direction souhaitée. Elle doit être posée avec délicatesse, et retirée avant qu’elle ne marque l’écorce.
Pincement
Le pincement consiste à retirer les jeunes pousses à la main pour contrôler la croissance et favoriser la ramification. C’est une technique essentielle pour affiner la silhouette.
Laisser pousser puis tailler
La méthode “laisser pousser puis tailler” consiste à favoriser la croissance libre sur quelques mois, puis à couper sévèrement pour obtenir des troncs épais ou des ramifications denses.
Styles classiques de bonsaï
- Droit formel (Chokkan) : tronc rectiligne, symétrique
- Droit informel (Moyogi) : tronc sinueux mais vertical
- Penché (Shakan) : tronc incliné
- Cascade (Kengai) : tronc plongeant vers le bas
- Semi-cascade (Han-Kengai) : tronc descendant sous le bord du pot
Chaque style suit des règles d’équilibre, de conicité et de mouvement.
Arrosage
L’arrosage dépend du climat, de l’espèce, du substrat et de la saison. Il doit être fréquent mais modéré, le substrat devant rester légèrement humide.
En été : arrosage quotidien ou biquotidien
En hiver : espacé, selon l’humidité
Utiliser une eau douce, non calcaire, à température ambiante
Fertilisation
Le bonsaï a besoin d’un apport régulier en nutriments, selon un calendrier saisonnier précis.
Printemps : engrais riche en azote (croissance feuillage)
Été : engrais équilibré (12-12-17 ou similaire)
Automne : engrais riche en potassium et phosphore (préparation hiver)
Hiver : aucun engrais
Ne jamais fertiliser juste après un rempotage. Espacer l’apport de 2 à 4 semaines selon la vigueur de l’arbre.
Taille des racines et entretien du nebari
Tous les 2 à 3 ans, rempoter l’arbre et tailler les racines pour éviter qu’elles ne s’enroulent. Cette taille favorise le développement d’un nebari radial et plat.
Couper les grosses racines verticales, raccourcir les latérales, et positionner les radicelles pour qu’elles s’étalent en étoile. Ce travail doit être progressif, sur plusieurs années.
Mycorhizes
Les mycorhizes sont des champignons symbiotiques qui se fixent aux racines et améliorent l’absorption de l’eau et des minéraux. Ils renforcent la résistance du bonsaï au stress et aux maladies.
On peut les introduire via des poudres mycorhiziennes, mélangées au substrat lors des rempotages.
Entretien annuel
- Nettoyage du tronc à la brosse douce pour retirer mousses et lichens
- Surveillance des parasites : pucerons, araignées rouges, cochenilles
- Rotation du pot pour une croissance équilibrée
- Protection hivernale : serre froide, paillage, voile selon l’espèce
- Brumisation régulière pour les espèces tropicales
Philosophie et engagement
Cultiver un bonsaï, c’est entrer dans une relation de longue durée avec un arbre. C’est un engagement vivant, une pratique méditative, une recherche d’équilibre entre nature et maîtrise. Rien ne presse. Le temps est l’outil principal du bonsaïka.
FAQ – Informations complémentaires pour bien cultiver un bonsaï
Quelle est la différence entre un bonsaï issu d’une graine, d’un prélèvement ou d’un jeune plant acheté ?
Un bonsaï issu d’une graine (méthode la plus longue) permet un contrôle complet sur la forme dès la base, notamment le nebari. Cela prend souvent 5 à 10 ans avant d’obtenir un arbre présentable.
Un prélèvement en nature (yamadori) permet de gagner plusieurs années, surtout si l’arbre a déjà un tronc intéressant, mais nécessite de respecter la législation locale.
Un jeune plant acheté en pépinière permet de débuter plus rapidement. Il est souvent déjà bien enraciné et prêt à être formé, mais le système racinaire n’a pas été optimisé dès l’origine.
Quelle est l’utilité des mycorhizes pour un bonsaï ?
Les mycorhizes sont des champignons microscopiques qui s’associent aux racines du bonsaï. Cette symbiose améliore :
- l’absorption des nutriments (notamment le phosphore),
- la résistance au stress hydrique,
- et la santé générale de l’arbre.
Elles peuvent être introduites lors du rempotage avec des produits spécifiques (mycorhizes en poudre ou granulés).
Comment adapter les substrats en fonction des types d’arbres ?
Feuillus caduques : Mélange 50 % akadama + 25 % pierre ponce + 25 % écorce compostée ou pouzzolane.
Conifères : 60 % pierre ponce + 30 % akadama + 10 % gravier ou sable grossier.
Tropicaux : 60 % akadama + 20 % fibre de coco + 20 % compost tamisé.
Arbres fruitiers : 50 % akadama + 30 % compost + 20 % pierre ponce.
Que faire si les feuilles de mon bonsaï jaunissent ?
Le jaunissement peut être causé par :
- un excès ou un manque d’eau,
- une carence en azote,
- un substrat trop compact empêchant l’aération des racines,
- ou un emplacement mal adapté (trop d’ombre ou trop de soleil).
Il faut d’abord analyser l’arrosage, puis la fertilisation, avant de rempoter si le substrat semble asphyxiant.
Quelle est la taille idéale d’un pot d’entraînement ?
Un pot d’entraînement doit être plus profond et large qu’un pot final. Il favorise :
- un développement racinaire vigoureux,
- une meilleure circulation d’air et d’eau.
Exemple : pour un plant de 15 cm, un pot d’entraînement de 20 cm de profondeur et 15 cm de large est adapté. On passe à un pot plat seulement après plusieurs rempotages progressifs.
Faut-il arroser différemment un bonsaï selon les saisons ?
Oui. En été, l’arrosage est souvent quotidien voire biquotidien pour les petits pots exposés.
En hiver, on réduit fortement, parfois à une fois par semaine, surtout en extérieur.
En printemps/automne, adapter à l’évaporation et surveiller la surface du substrat.
Astuce : immerger complètement le pot 1x/semaine en période chaude pour une hydratation en profondeur.
Quand commencer les premiers travaux de mise en forme sur un jeune bonsaï ?
Dès que l’arbre est bien enraciné et pousse activement, on peut commencer :
- ligature douce dès la première ou deuxième année,
- taille de formation à partir de la 2e ou 3e année,
- pincement dès que les bourgeons s’allongent, pour favoriser la ramification.
Un bonsaï peut-il être cultivé exclusivement en intérieur ?
Seulement certaines espèces tropicales comme le ficus, le serissa, ou le carmona peuvent vivre en intérieur. Même celles-ci ont besoin de :
- beaucoup de lumière naturelle, voire une lampe horticole,
- une humidité ambiante élevée (brumisation ou plateau d’eau),
- une température stable (> 15°C).
Les autres types doivent obligatoirement vivre dehors.
Pourquoi certains bonsaïs ont une base racinaire (nebari) très large et d’autres non ?
Le nebari est le résultat de :
- tailles répétées des racines radiales lors des rempotages,
- culture en pot plat ou grande assiette en début de vie,
- techniques comme le marcottage aérien inversé.
Un beau nebari donne l’impression d’un arbre ancré et âgé. Il est essentiel dans l’esthétique japonaise classique.
Quel est le meilleur moment pour fertiliser un bonsaï ?
- Printemps : Engrais riche en azote (type NPK 12-12-17 ou 10-6-4) pour stimuler la croissance.
- Été : Engrais équilibré ou un peu plus riche en potassium pour renforcer les tissus.
- Automne : Engrais pauvre en azote, riche en potassium et phosphore pour préparer l’hiver.
- Jamais après un rempotage récent : attendre au moins 3-4 semaines.